Chaque puits que l'on creuse C'est un tombeau comblé, C'est l'aube prometteuse Qui fait germer le blé, C'est deux bras que l'on tend Vers l'enfant squelettique, C'est son cri qu'on entend Déchirant, pathétique, C'est le sein de sa mère Soudain gonflé de lait, De la féconde terre, C'est un arbre qui naît, C'est un fusil qu'on brise, Une arme qu'on détruit, C'est un souffle de brise Sur l'infernale nuit De tous ces morts vivants, Misérable cohorte Aux yeux hallucinants Qui frappe à notre porte, Ebranlant les consciences Et les estomacs pleins, C'est leur calme confiance En espérant demain ... Chaque puits que l'on creuse Dans le désert sans fin, C'est la main généreuse Qui assouvit la faim !