Je suis fille du Nord, une Ch’ti comme on dit, La tête dans les nuages et le cœur sur la main ; J’ai en moi la fierté des gens de mon pays, La force des gueules noires et des vaillants marins.
A quelques enjambées du plat pays de Brel, Seulement quelques brasses des côtes anglaises, Je vis près des marais et espaces naturels, Entourée de forêts, étangs, mers et falaises.
Et si quelques blockhaus parsèment le paysage, C’est pour que la mémoire se rappelle les blessures Infligées par les guerres qui firent grand ravage, Laissant dans les familles tant de meurtrissures.
Alors pour oublier, la bière coule à flot, On fait des carnavals et on sort les géants, Chantant d’une seule voix on se croit tous égaux, Chez nous pour faire la fête on est toujours partant.
De grandes braderies investissent les villes Jour et nuit ça marchande et c’est même cohue, Et cette tradition qu’on n’observe qu’à Lille Des coquilles de moules, empilées dans les rues.
Bien sûr que notre accent écrase le français, Mais si l’on parle vite et qu’on mange nos mots, C’est pour vous en dire plus et vous faire renoncer, Avant de nous connaître, à repartir trop tôt.
Le vent du Nord qui souffle, fait tourner les moulins Et les éoliennes de notre littoral, Mais qui sait écouter entend dans le lointain Que les gouttes de pluie font tinter le cristal.
Je suis fille du Nord, l’Aa coule dans mes veines L’amour de ma région fait palpiter mon cœur, Tant pis si les nuages déploient leur longue traîne, Le soleil chaque jour brille dans mes yeux rêveurs.