Si l’intention, c’est vrai part d’un bon sentiment, Avouez que pourtant elle peut donner tourment. C’est que la chose est grave et requiert réflexion, Il convient d’y répondre sans précipitation.
Voyons, voyons, que puis-je demander ?
La fortune ? L’idée est alléchante et me tenterait bien. M’offrir ce qui me plaît et pouvoir faire le bien Doit être jouissif et changerait ma vie. Et combien cette aubaine, me donnerait d’amis !
Oui, mais... Oui, mais... Est-ce çà l’amitié ?
A bien y réfléchir un seul me suffirait, Pourvu qu’il soit loyal et son intérêt vrai. Mais comme le besoin fait s’enfuir les amis, Avec quelque richesse je serais prémunie.
Alors, les sous ? Que vous êtes pressés !
Je ne suis pas vénale et n’avoir point souffrance Me paraît de tous souhaits meilleure prévenance. Mais Dieu n’a sur ce point pas le moindre pouvoir, Alors vous en prier serait un fol espoir.
L’amour ! L’amour ! Ne suis-je pas comblée ?
J’ai déjà cette chance d’aimer et d’être aimée, Dîtes-moi quel désir je pourrais exprimer ? Il serait incongru d’en vouloir davantage Et pire de gâcher, en vils batifolages.
Alors... Ce vœu... Le laisses-tu filer ?
Que nenni, loin de là ! Et il vous coûtera Pour me plaire l’an prochain à vous tous d’être là. C’est en effet le mieux qu’il puisse m’arriver, Que chacun à sa place vienne encor m’entourer.