Le gazouillis des oiseaux salue l'aube, se moquant de me sortir de mon sommeil. Comment leur en vouloir ? C'est si bon de se sentir en vie ! Je me laisse bercer par leurs chants. Ils s'appellent, s'interpellent, et moi, tel un gros chat paresseux, je somnole... Soudain, le cri des goélands... Le petit déjeuner est servi à l'étang voisin. Je t'imagine Batavia, scintillant d'or, sous l'aurore, crachant l'eau de l'écluse des Fontinettes, qui libère les premières péniches. Comme papa jadis, quelque pêcheur matinal se sera-t-il laissé surprendre par cet intempestif mouvement d'humeur, sous l'oeil rond amusé du grand cormoran noir planté sur son poteau ? L'oie remonte-t-elle sur tes berges bétonnées ? Dans le pré, les moutons doivent sans doute commencer à brouter l'herbe perlée. Et au loin, dans les champs, la famille sanglier gagne -t-elle déjà quelque mare boueuse ? Et puis, il y a toi... Majestueux. Le château de mes rêves d'enfant. Celui où je m'étais promis de vivre lorsque je serai grande... Faut croire que je ne serai jamais princesse... À moins que... Je n'ai peut-être pas encore assez grandi ?