Le bouvier des Flandres
Remontons au premier jour de la création,
Lorsque Dieu sépara, et le Ciel, et la Terre.
Au jour deux, il créa océans et poissons.
Au troisième enfin des montagnes s’élevèrent,
Il creusa des vallées, fit pousser des forêts.
En quatre il égaya le tout de volatiles.
Tout un tas d’animaux naquirent au jour d’après.
L’Eternel, au sixième, avéré plus habile,
Façonna son chef d’œuvre indubitablement.
Un bouvier plein de poils, doux, fidèle et joyeux,
Bref, un chien, mais ça vous le saviez sûrement,
Avec tant de bonté dans le fond de ses yeux,
Que Dieu-même, dit-on, s’y serait laissé prendre.
Mais vu son caractère toutefois bien trempé,
Il posa l’animal sur la région de Flandres,
“Exprès faite pour lui, je ne peux me tromper”.
Sur ces bonnes paroles, se sentant éreinté,
Le Seigneur décida, quand vint le septième jour,
De s’offrir une pause, un repos mérité.
Mais notre gros toutou, seul, dépourvu d’amour,
De courir la campagne, fut vite lassé.
Il réveilla donc Dieu, et lui fit les yeux doux,
Pour avoir un ami. Ce dernier harassé,
Refusa tout de go : « Ce serait bien trop fou !
Créer en cet état, n’augure qu’un fiasco ! »
Il faiblit toutefois, devant son insistance.
Il prit un peu de terre, y ajouta de l’eau
Et quelque autre ingrédient de sa divine science,
Pour confectionner l’Homme qu’il jeta au sol.
L’autre se releva en jurant et criant.
« Tu vois, il est raté, cette idée était folle !
Je te l’avais prédit. » dit Dieu tout larmoyant.
Mais le chien néanmoins lui fut reconnaissant.
Et heureux, prit pour maître cet Humain grossier.
Courir la Flandre à deux, est plus intéressant.
Même avec un râleur, se dit notre bouvier.
21/01/18
Une plume pour mon Arques et les Hauts de France