Il attrape les consonnes et saisit les voyelles Il les jette dans les airs et les fait tournoyer Jusqu’à ce que ces lettres forment enfin entre elles L’exploit d’un jeu de mots cadencé par des pieds.
A partir d’une simple feuille de papier blanc Il crée des bouquets de rêves, un envol d’alchimie Preste, il dit citations, métaphores en rimant, Un émerveillement de mots, de fantaisie.
Triturant ses méninges, il recherche le mot juste, Allonge l’émotion sur la description Contorsionne les vers, les tourne et les ajuste Etire sa recherche jusqu’à la perfection.
D’un claquement de rimes il rappelle à l’ordre Son imagination qui, parfois se défend, Lui livrant rageusement les idées en désordre Qu’il place, replace ou remplace patiemment.
Il avance prudemment mot derrière, mot devant Avec pour balancier le gré de ses humeurs, Les pieds qui hésitaient se posent naturellement Sur le fil des idées qui entraîne son cœur.
Il se joue de la langue, se moque de son temps Délire sur le papier, ridiculise le monde Il multicolorie ce qui est rebutant Et s’épanche finalement d’une tristesse profonde.
Perché dans son nuage et bercé par les muses Du bout de son crayon il martèle en cadence Les accents de son oeuvre ; du rythme il s’en amuse Il orchestre les syllabes avec magnificence.
Il n’est pas de poète sans la magie des mots La rigueur de la rime, l’adresse à mettre en forme. Sans part de poésie, le spectacle n’est pas beau Le savoir et le rêve font avancer les hommes.