Il y a dans les bois tant d'arbres différents, Des minces et des gros, mais tous tellement grands ! Ils tendent vers les cieux leurs verdoyants feuillages Fièrement, tout l'été, en triomphant hommage.
Mais Dieu reste insensible à toute flatterie, Et se fâche de voir telle flagornerie ; Il souffle sa colère en fronçant des nuages Et répand sa tristesse en longs sanglots de rage.
Les modestes sapins aux branches retombantes Ne sont pas concernés par cette déferlante. Sous le divin courroux les arbres cramoisis D'une flambée de honte sont alors saisis.
Les géants repentis s'effeuillent en prières, Font un tapis d'offrandes pour leur mère la terre, Poussant l'humilité jusqu'à passer l'hiver En affrontant le froid aussi nus que des vers.
Le Créateur ému par cette pénitence, Leur offre le printemps : une nouvelle chance. Mais tant que leur mémoire oubliera la leçon Ils subiront sans fin le cycle des saisons.