Une pause, un petit temps mort…
J’ai pas toujours été comme ça, vous savez…
J’étais comme vous, regard fuyant, le pas pressé,
Le cœur et les poches à sec,
Juste… un portable, une carte bleue…
Je travaillais seize heures par jour,
J’étais écouté, respecté…
Dans ma villa, quand je rentrais,
Mon épouse, mes enfants dormaient.
J’entrais doucement dans leurs chambres
J’écoutais leur respiration,
J’aimais cet instant de bonheur,
Cette pause,
Ce petit temps mort.
Le jour où ça m’est arrivé,
Ça m’a bien un peu contrarié,
Mais c’était sûr ce n’était rien
Qu’une pause,
Un petit temps mort.
Je n’ai rien dit, j’ai rien changé
Pour quoi faire ?
Puisque c’était sûr, ce ne serait rien…
Qu’une pause,
Un petit temps mort.
Les jours, les mois et les années
Se sont doucement succédés,
Pour tous, j’étais trop qualifié,
Trop cher, trop vieux…
Et c’était… trop tard pour parler.
Mes réserves se sont épuisées,
Ma confiance s’est effilochée,
Plus la force de faire semblant,
D’affronter le regard des miens.
Alors au fond du caniveau,
Dans quelques squats ou sous les ponts,
Mon amour-propre et moi, on est allés rouler…
Juste le temps d’une pause,
D’un petit temps mort.
De la vie ou la connerie,
Laquelle des deux a permis au temps mort
De tuer en moi l’homme,
Pour ne laisser que l’animal que vous voyez,
Qui n’attend
Plus rien
D’autre
Que
La mort ?
(16/09/12)