Mes yeux goûtent l’amer des vastes étendues Aux plaines très venteuses d’un firmament nu Faite d’astres de fer et de glaciers d’ivoire, D’absentes nébuleuses dans l’éclat du soir
À travers les noirceurs bondissantes des eaux Spatiales qui embrassent des amas livides, Les fins brûlent l’espace du feu d’un cerceau, Qui renaissent, rêveurs, dans l’étreinte du vide,
On voit même bondir des anges moribonds Aux fronts tâchés de tourbe d’espace souillé Qui boivent sans faiblir dans des tonneaux percés La liqueur des trous noirs d’où saigne l’horizon
C’est une étrange vie, et le ciel est abscons Trop plein d’étoiles mornes, grands yeux pourrissants Dans le sein rabougri d’un Dieu ou d’un démon Et mes rêves s’endorment dans ses draps de sang
Mais tu les as rejoints trop vite ces brasiers Colossaux et sans fin qui barbouillent l’été J’aurais voulu encore être dans tes cheveux Comme un ange qui dort aux lèvres de son Dieu
J’aurais voulu peut-être te dire combien J’aimais ce que nos êtres s’enivraient de rien Et ne pensaient alors à nulle voie lactée Et puis te dire encore, Ô combien je t’aimais
J’ai laissé dans tes yeux une aimante névrose Un souvenir heureux de pontons et de prose Pardonner aux nuages l’imposture abstraite De leur triste corsage où repose ta tête.