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Codaraque Lavekrep

Les Roses Les Plus Blanches

Te voilà revenu sur le lieu de tes crimes.
Dans cette ville ouverte aux pires souvenirs.
En prenant des chemins sans aucun avenir,
Te voilà revenu sur le lieu de tes crimes.

Tu pensais en partant conquérir un empire
Croyant être au retour cousu d'argent et d’or,
Mais tu es devant moi, là dans la chaux, tu dors.
Je ne sais toujours pas quel sentiment m'inspire.
****

Jamais je n’ai pensé conquérir un empire
Que je pourrais t'offrir ma reine, mon amour.
Je voulais, pour ton cœur, des mots faits de velours,
Et te dire par toi quel sentiment m'inspire.

J'admet ma lâcheté, je reconnais mes torts.
Cent fois, j’aurais voulu sur mes pas revenir.
Cent fois, j’aurais voulu une lettre t’écrire.
Mais je suis devant toi, là, dans la chaux, je dors.
****

Longtemps, j’ai cru en nous en ma prime jeunesse,
Quand nous jouions ensemble aux portes du temps doux,
J’avais les sentiments envers toi les plus doux.
Longtemps, j’ai cru en nous en ma prime jeunesse.

Dans les bois de genêts, au milieu des prairies,
Quand nous jouions ensemble aux portes du temps doux,
Quand nous égratignions ensemble nos genoux.
Le soir, je nous voyais au pied de la mairie.
****

Je n’ai été qu’un fou, voulant se faire la belle.
J’aurais dû nous garder, dû nous revoir quand nous,
Quand nous égratignions ensemble nos genoux
En voulant attraper les roses les plus belles.

En voulant attraper la rose la plus belle,
Il arriva parfois de tomber tous les deux
Dans les bras l’un de l’autre et mes yeux dans tes yeux
Pareils à la lionne accompagnant Cybèle.
****

Un jour, tu es partie, les roses sont flétries.
Les rosiers sont coupés. Passe le temps du faon,
Des baisers innocents, celui des illusions,
Lorsque je nous rêvais au pied de la mairie.

Toi, vêtu de draps bleus et moi, en traîne blanche.
Les rosiers sont coupés. Passé le temps du faon,
Vient l'heure de l'adulte et du cœur qui se fend
Sur le spleen acéré qui tombe en avalanche.
****


Le soir, je nous rêvais au pied de la mairie,
Mais ton père est venu et il m’a ordonné
De m’en aller au loin et de t’abandonner,
Alors je suis parti mourir pour la patrie.

Moi, vêtu de drap bleu, prisonnier des nuits blanches
Où le sang coule à flots jusqu’au fond des ruisseaux,
Où je guettais tremblant à l’abri des boisseaux.
À attendre l’enfer, massacre en avalanche...
****


Tu as tout emporté, mon amour, ma jeunesse
Mon cœur est asséché, mes yeux ne pleuvent plus
Sur le toit de mes rêves. Non ! Je ne t’aime plus.
Tu as tout emporté, mon amour, ma jeunesse

Je suis morte-vivante, un fantôme qui se grime.
Le jour où tu as fui, tu m’as assassinée
À coups de peine au cœur que tu m’as assénée.
Te voilà revenu sur le lieu de tes crimes
****

Il a tout emporté, mon amour, ma jeunesse.
Je l'ai frappé là, oui ! Juste là, en plein cœur.
À grands coups de couteau sans pitié et sans peur.
C'est dans le désespoir que le soir, les fous naissent.

Moi, j'étais revenu pour tenir ma promesse.
Il m'a fait arrêter et jeté en prison.
Il m'a fait torturer, passer à la question.
C'est dans le désespoir que le soir les fous naissent.
****

Tu es réapparu, mais sans que je le sache.
Alors qu'il t'accueillait avec toute amitié
À grands coups de couteau sans peur et sans pitié
Tu as tué mon père, un vieillard, comme un lâche.

Tu es réapparu, mais sans que je le sache.
Moi, j'aurais préféré te voir te balancer
Sur la place, pendu, jouant au balancier
Mais derrière la mort, du lâche, tu te caches.
****

Cela m'a rendu fou d'être accusé sans preuves.
Il m'a fait torturer, passé à la question.
J'ai scié mes barreaux, couru vers ta maison
Pour aller le tuer et plonger dans le fleuve

Je n'ai pas eu besoin au cou mettre une corde.
L'eau froide m'a saisi, entraîné vers le fond.
Le filet d’un pêcheur m’a traîné sous le pont.
Ils n'ont pas eu besoin au cou me mettre corde
****

Ta mort fut sans saveur, je voulais ma vengeance.
Sur la place ton corps, jouant au balancier
Et puis regarder faire un corbeau supplicier
L’assassin de mon père et de mes espérances.

Toi, tu ne souffres pas, oubliée ma vengeance.
La chaux fait son travail, je sais mon devenir.
Je suis morte-vivante, je connais l’avenir
Du fantôme grimé mettant fin aux souffrances.

*****

C’est au petit matin, quand la brume se lève,
Que vint le fossoyeur et son plus jeune élève.
Sans prêter attention à la terre première
Ils ont couvert deux corps privés de mise en bière.
Ils ont fermé le trou, triste concession.
Ainsi, ils mirent fin à la conversation.

*

Au lieu-dit de la rose et de l’âme perdue,
Où l’on jetait les corps des noyés, des pendus,
Il se dit aujourd’hui, qu'on entend des palabres
Parcourant les buissons et les branches des arbres.

Quand le soleil se pose, aux portes du temps doux
Un vieux couple d’enfants se fait la courte-échelle,
S’étire et s’égratigne un peu de leurs genoux
En voulant attraper les roses les plus belles.