Dans les conques pendues au plus haut de nos mâts, L'esprit de la mer a parlé, qui tantôt m'a conté L'amour de ce marin perdu en mer.
Sirène des sept langues de sel, comme coutelas écaillés, Danse de tes mains ciselées sur le plat opale de l'eau. Mirage à l'horizon, marin aux larmes d'argent, De nos collines ensanglantées j'ai vu, Soleil qui gît, ces cris, ces heures qui t'exaspèrent.
Dans le champ tumultueux de la vie, grand baladin Des récifs couleurs des sept fruits. Poisson-lune à la bouche meurtrie, titan des sirènes!
Tu dis le temps qui passe, amasse, et ramasse, La peine du marin... Ton souvenir absorbera-t-il, amer, l'épée des sept douleurs Quand tu l'aimais, charnelle, dans la pinède aux embruns, Odeurs d'algues citronnées qui brûlent encore ta mémoire?
T'en souvient-il, bien avant notre pauvre chemin de croix, Ce frais sourire illuminé au soleil des fruits d'automne, Que nous avions tous deux, sous les rayons agrestes?
Maintenant, rayons de lune endolorie, houle qui t'emporte, Loin au-delà de ton corps, en dehors de toute brume céleste?