Tu es revenue ! Prends garde, hideuse ! J’ai fui maintes fois, ta faux tueuse. La famine, la maladie, la guerre Je m’en suis tiré assez indemne, Sauf une jambe, éclatée en l’air.
Ta gueule sinistre, menaçante Devant ma bouteille vide d’absinthe, Je le jure sur mon âme oubliée Tu prendras ma vie au temps sonné, A mon choix et ma volonté.
Toi et tes camarades funèbres Partagez le monde des ténèbres. Je vous hais infâmes esprits De tout ce que vous m’avez pris Injustement, ma chère famille.
La Guerre, bestiale buveuse du sang, Hacheuse d’hommes, femmes en pleurant, M’a pris mes deux gars jeunes, si beaux Mêlés avec la terre en tombeau Au nom d’un roi et d’un drapeau.
La Famine, souffle perverse Brûlait nos terres par la sècheresse. Elle s’est emparée en ricanant De mon bétail et de ma fille de dix ans Son rire de joie, je l’entends souvent.
La Peste, jamais loin, elle attendait Que les rats soient maîtres empestés Du monde empilés dans des fosses, Ma femme dans des souffrances atroces, Elle est partie aussi, sur le carrosse.
Toi, la Mort, tu arrives sans erreur Achever ce qu’ont entamé tes sœurs. Donne ta corde, qu’on en finisse maintenant Vous m’avez tout pris ceux qui j’aimais tant, Partez au diable à jamais, en néant !