L’étang profond et creux, linceul sourd aux échos Frémit. Au seuil du bois, où la plaine s’ébauche, Les feuillus sont en deuils, si noirs sont leurs rameaux, Et les rochers pointus que le vent fou chevauche.
Avez-vous remarqué : Héra est en chemin ? Vous qui venez ici, tels des esprits en peine, Sur les chemins fleurant la menthe et le jasmin, L’ivraie s’émeut et dit aux mausolées sa peine.
Qu’enjoint le Pissenlit quand l’obscurité tombe Aux vivants oublieux, aux fétus si chétifs ? Profitez des beaux jours avant qu’ils ne succombent, L’amour court dans les prés… Fait si froid sous les ifs !
Que l’on vous eut aimés, que l’on vous eut haïs, Ô amants qui frayez sur les Chemins du Tendre, Profitez maintenant de ces instants de vie, Avant que de périr et n’être plus que cendres !
Ces corps inanimés -autrefois ravissants- Les vers les ont rongés au fond des sarcophages : La Mort les a figés, tout en les courtisant, Dans le linceul des jours et leur âme est en cage.
Mais, voici que la Lune entrouvre ses paupières Et s’en va se poser sur un toit en rêvant ; Et des liserons blancs en d’infinies crinières Lui font une houppelande où s’enroule le vent.
Allons, écoutez-moi, c’est le temps des cerises, Aux baisers de Phébus, les fraises ont rougi ; Aimez-vous et goûtez toutes ces friandises Avant que de quitter le monde, inassouvis !