C’est le temps qui condamne ma Muse à se taire Et d’étouffer son vol vers l’espoir de demain, Quand soudain le brouillard se profile au matin Et qu’à l’heure accroupie sous le vent désespère.
L’horizon m’a offert l’encrier et la plume Et sur un galon bleu aux couleurs de la mer Je crayonne un halo de soleil quand la brume S’enrubanne et se noue à son nacré amer.
Une étoile en veillant l’océan s’y allume Et ma page se love au berceau enfantin, Le lointain éperdu où la houle s’éteint Agonise en la grève en un sanglot d’écume.
Sur l’étendue des flots les chimères moissonnent Des empreintes de mots à mes pas suspendus, Et l’émail lacéré d’un rosaire éperdu Met le feu au fanal lorsque le glas résonne.
Et le ressac déploie ses rubans de dentelles Embastillant le soir sous de grands rouleaux noirs, A la pointe du jour, au bord du désespoir Un sanglot s’est figé entre deux citadelles.
Le temps gardera-t-il pour que ma plume danse, Volée au firmament, pétrie d’éternité, Rien qu’un peu de lueur et de limpidité Laissant dans l’encrier une envie d’espérance ?