Leur lumière était belle illuminant les cieux Comme un soleil de mai fait éclore la vie, Alors que ses rais d’or se glissaient à l’envi, Un grand buvard obscur, jalousement envieux,
Vint laper leur nectar à la source où les dieux Avaient posé leurs pas jadis sur ce tapis Jonché de pierres nues où tant d’êtres meurtris Avaient fait refleurir un désert rocailleux.
Tout encore imprégnés de rêves délicieux, Tirés sauvagement de leur sommeil… trahis, On les a enchaînés… souillés… battus… occis… Dans un déchaînement de fureur et de feu !
L’aurore, éclaboussée du sang chaud et aqueux Des proies martyrisées, à l’instant recouvrit Les murs couperosés et baignés d’infamie, De leurs chairs mutilées par des démons hideux !
Personne n’entendit, miséricordieux, Leurs cris désespérés ; aucun témoin ne vit Tous ces êtres voués aux horreurs d’une orgie : Esclaves à nouveau de pharaons haineux ?!...
…Leurs souvenirs d’otages brûlent dans leurs yeux Entravant leur destin sous le joug ennemi ; A chaque éclat de voix, au moindre hourvari, Ils tressaillent d’effroi en sursautant anxieux.
Revenus d’un enfer où mâtons obséquieux Les avaient affamés… assoiffés… avilis… Leurs rêves sont encor de cauchemars remplis Où des cerbères froids les pourchassent odieux !
Dans un souffle aux aguets, sous le masque de dieu, Oracle d’Apollon, la Pythie qui guérit Leur cœur qui connaît bien le prix fort et fourni De cette liberté aux traits silencieux !
Ils viennent d’allumer des flambeaux lumineux, Chantant à l’unisson leur amour insoumis A la germination qui ramène à la vie, Tout en barricadant des gouffres ténébreux !
Leur foi, mise à l’abri d’orages vaniteux, Secouent les sédiments des guerrières folies Et des mots insolents de chefs de dynasties Qui pointaient leurs fusils, en ricanant, sur eux.
Incapables d’aimer sans humilier les âmes, Camouflant leurs penchants de dépravés bandits, Ils n’ont semé en elles, les laissant meurtries, Que le dégoût charnel dedans des corps de femmes !...
…Il leur faudra du temps pour sortir glorieux De ce duel infâme au fumet de vomi, Pleurer comme un enfant leur offrira aussi La clé d’un paradis… qui les rendra heureux.