J’ai oublié le temps à contempler la Mer Et écouté sans fin le concerto des ondes, Tout ce que j’ai appris de leurs subtils éthers Ont fait ce que je suis : généreuse et féconde.
Mes griefs, mes regrets, et mes éclats de rire Se sont évanouis au murmure des eaux, Et j’ai appris, ainsi, à mes dépends, faut dire, A ne garder en moi que ce qui était beau.
Maintenant, à la brune, s’exaltent mes chansons Et dans mes veines fuit le sang telle une sève J’ai posé ma bohême au pied du diapason Et j’apprends à voguer on dirait dans un rêve.
Je serai à jamais pleinement qui je suis Avec mes perversions ainsi que mes pudeurs, Ne me trahissez pas, ne faites pas de bruit, Car j’aimerais encor’ jeter-là mes rancœurs,
Oui, j’ai gardé en moi, malgré le temps qui passe, D’infinies éraflures, bleus au cœur béants Qui ont grevé ma vie d’une ineffable trace Allant jusqu’à tarir la source de mes chants…
…En refaisant la route aujourd’hui à l’envers, Je voudrais retrouver un peu de la sagesse Qui a conduit mes pas jusqu’à ce puits ouvert Pour m’y désaltérer et ce jusqu’à l’ivresse.