J’ai ravi son sanglot au contour de sa peine, Il pleurait et ses joues s’obscurcissaient de larmes, Son regard éperdu considérait la plaine Et mon cœur se serrait de le voir en alarme.
Je l’ai vu, prosterné, quémander la clémence Implorant le pardon du Divin Créateur Le temps de contempler un arc-en-ciel immense Et le voir rebondir aux chardons de son cœur.
J’ai entendu son cri aux falaises à-pic, Immolant ses démons dans le fond de la mer ; D’entre ses doigts unis, s’écoulaient méthodiques Des nacres d’espérance aux chatoiements amers.
Je connais ce haro s’immisçant dans son âme -Une corde à son cou en offrande infernale- Où l’avenir se noie comme au puits de l’infâme Et son regard d’enfant fige un horizon pâle.
De sa main, il mendie juste un morceau de pain, Sur son corps avili des traces d’ecchymoses, La douleur et la peur, le mépris, le dédain… …Il s’est tant harponné aux épines des roses !
Mais les cieux restent sourds et hautains à la fois, Et la neuve rosée n’abreuve pas ses lèvres ; Même un baiser sèchant ses larmes d’autrefois Ne guérira jamais ses chagrins, ni sa fièvre.
Que ne puis-je l’aider à sortir de l’ornière ? Chassé tel une proie, il n’a plus de maison, Et malgré son effroi, il tend à la lumière Les cernes de ses yeux en guise d’oraison.