Je m’évertue à croire au rythme des saisons Que des lettres viendront se coucher sur ma page En rompant le secret qui les tient en otage, Et qu’en pleins et déliés alors se marieront.
Je pétrie mille fois les verbes dans ma huche J’en extirpe l’acerbe et le fiel à la fois, Pour retrouver le sel des refrains d’autrefois, Comme ce goût de miel qui embaume une ruche.
Alors je clos mes yeux en fermant mes paupières Et dans mes souvenirs, je cherche des échos Qui renaîtraient joyeux et vifs comme un oiseau Pour féconder mon cœur et engendrer des vers.
La mémoire glanée ignorant la tristesse, La douleur des adieux ou des larmes le sel, Mais juste le moment enivrant et charnel Où les mots prenant corps s’envolent en finesse.
Il n’est bonheur plus doux qu’en fibre poétique, Où la plume en ma main se change en troubadour, Et qu’au détour du temps, en leurs plus beaux atours, Les verbes s’allient à mes rêves romantiques.
Nul besoin d’aspirer aux ardeurs chasseresses Pour fair’ danser les mots sur un accord de luth, Ni l’ombre d’un regret lorsque notre vie chute, Ni les gémissements, ni les cris de détresse.
Si je ne sais dompter les mots prêtant à rire Pour colorier en bleu mon âme de moineaux, Peut-être que demain, sur les cendres du pire, Ma vie s’irisera de beauté à nouveau.