L’automne a provoqué le monde, et la douleur A jailli de ses flancs causant la déchirure Des rideaux de la nuit jusqu’au point de rupture Où l’espoir a sombré en lacérant leur cœur.
Les oiseaux se sont tu alors effarouchés Et le vent est tombé comme choit une bombe ; Les cieux, en s’emportant, ont déferlé en trombes Dessus les vaisseaux fous de l’irréalité.
Et des sables mouvants aux oasis marines, Régis par le malheur qui leur vola l’espoir, Tous nos enfants meurtris, aux rêves illusoires, En pyjama, nu-pieds, attendent que la bruine
Délave tous leurs maux en lessivant leurs larmes Et leur pain quotidien au goût de solitude. La peur qui les poursuit en écrasant leurs âmes Conjugue à l’imparfait toutes leurs certitudes.
Ô cynique mirage au halo délétère ! Ô abomination à l’aveuglant pouvoir ! Maudit soit le chemin qui mène à ton mouroir Où le froid s’insinue en ton lit mortifère !
Et sa brûlure crue qui jamais ne guérit S’étend intensément dessus leur terre ronde, Rien qu’à son souvenir leur cœur se fait petit Et l’horizon se vêt d’un manteau gris immonde !
Quelques taches de sang ont fardé de carmin L’espace mordoré où le soleil a chu ; En bâillonnant la mort dans son foulard hautain, Pourront-ils retrouver ce temps interrompu ?
La nuit s’éteindra-t-elle sur leurs âmes chagrines Et leurs pleurs tariront les relents douloureux ? Pourront-ils les gommer à jamais de leurs yeux Pour s’ouvrir à la vie prometteuse et divine ?