Ils ont vu au matin tant de corps suppliciés ! Les cendres des foyers étaient encor fumantes… …Hagards, épouvantés ils ont alors pleuré Les vies assassinées par des hordes démentes !
Ils ont retrouvé là, Ô horreur innommable, Des corps nus immolés jonchant, à ciel ouvert, Ce sol noir où leur sang, gage de leur calvaire, Fut répandu ici, laissant inconsolables
Des parents, des amis, à l’instant infernal Où la Mort, cette garce a décimé leurs fruits ! Entre absence et amour, en cette aube fatale Le silence en écho a les yeux plein de pluie !
A l’horloge du temps, résonne le tumulte Du fanatisme ouvrant les portes de l’enfer, Sur leurs joues profanées, outragées sous l’insulte Les sceaux des blessures forment comme des serres !
Alors, levant les mains et leurs fronts pleins de rage Vers des cieux vides, froids, ne sachant que se taire, Leurs sanglots lancinants déchirent l’empennage Des nues effarouchées par l’onde délétère.
Délivrez-les du mal qui les tient en ses chaines Ceux qui dont les haillons sont maculés d’enfance Ne les vouez plus guère aux affres la haine Car dieu sait qu’ici-bas, on pleure leur absence.
Chassez l’ombre des loups aux bottes de naguère Pour qu’enfin jamais plus ne se figent leurs dents, Effacez ces relents d’un passé mortifère : Ramenez-les vivants, ici et maintenant !