Sur les pistes allant jusqu’aux monts éternels, Un vieux moulin éploie ses ailes frémissantes Entre les murs vieillis encore un peu vaillantes ; Y restent des échos d’un temps providentiel.
Alors je clos mes yeux et la braise qui chante Vient lécher ardemment de sa langue de feu Inondant de reflets, dans l’âtre chaleureux, Le vieux bois qui gémit, se tord et se lamente.
Décembre y a laissé la bise et la froidure S’engouffrer hardiment et ses tuiles d’ardoise Se hâtent de choyer leurs plaies et entretoises Car bientôt le printemps reviendra sous l’azur.
Lorsque l’aube repeint de ses doigts virtuoses Au petit jour pressé les pennes du moulin, Et que l’astre tout bond au zénith prend la pose Sous le regard fébrile et igné du matin,
Sa roue se joue de l’eau dans le torrent pugnace Entamant avec lui un refrain d’autrefois, Et le faisant mousser jusqu’au sommet du toit Bondissant et léger… tout en brisant la glace.
Les sapins ont cédé leur manteau frémissant La lune ne peut plus à la nuit s’y mirer, Et le printemps fripon semble bien étonné De voir déjà des fleurs s’épanouir au levant.