Ils l'entendaient soudain ce sordide violon, Dans la folie des jours, aux trémolos plaintifs, En sanglots déguisés au feutré diapason, Qui leur donnait l'espoir... juste avant l'incisif !
Simulacre illusoire d'une infinie douceur, L’archet sanguinolent aux abords du mouroir Les enivraient de sons... Quand un vil désespoir Les rattrapait, soudain, au détour... Puis la peur
Les reprenait sitôt -interloquée, muette- Les pieds et poings liés. Du haut des miradors, Riant de leur effroi, brocardait leur défaite, Se gaussant de l'horreur les vouant à la Mort !
En proie aux cruautés de la névrose humaine, Comme ils ont dû haïr au plus loin de son art, Cet instrument si beau, mais propageant la haine, Vilipendant leur âme, assassinant Mozart !
Certains sont revenus de cet enfer dantesque, Il en reste si peu... mais frétillant encore, Taraudés par de laids cauchemars ubuesques, Ce violon, aujourd'hui... ils l'entendent encore !