Les tambours des soldats, j’en sais tous les vacarmes… …Mais au fond de leur cœur, un deuil silencieux S’insinue tristement faisant pleurer leurs yeux, Et leur lèvre fanée boit le venin des larmes.
S’ils lancent vers les cieux des pleurs remplis de rage Ils affament le mal à l’égo pernicieux, Pour que jamais il n’ait d’exploits victorieux, Et que son âme vile expire sous l’orage.
Paradent les sabots, les bottes sur ma terre, Et débordant de cris, on y meurt, on s’y bat, Dans ce monde en folie, tout devient délétère Mais on sait bien pour qui et quoi sonne le glas.
Si des échos de heurts claquent sous les fenêtres Et dans le firmament, la pluie est couleur sang, Même la poésie, fauchée en pleine tête, S’égare anéantie aux méandres du temps.
Ô refermer mon huis aux rumeurs de souffrance En emmurant les maux derrière son loquet ! Refuser que ce vent qui jaillit et s’élance S’en vienne tempêter et briser mes volets.
Ne vociférez pas ! Des vies meurent dehors ! Et la fureur des chars à coups de décibels Sème dans leurs sillons le souffle de la mort Et je n’entends plus rien que caveaux que l’on scelle.
Ô soldats de malheur ! Assassins d’espérance ! Quand vous aurez fini de fouler la poussière De ce pays aimé par-delà les frontières, Il ne vous restera qu’à crever en silence !
Car à nos souvenirs et nos amours fécondes Qui se mêlaient jadis au levain de nos terres, Vous souffrirez alors que sous nos lunes rondes S’écoulent sur vos joues les cendres de vos guerres !