Les tout derniers faisceaux de la belle saison Illuminaient alors quelque peu les parterres Où des sarments portaient, irisant la moisson, Des essaims mordorés en guirlandes rosaires…
…On oublie, aujourd’hui, les fureurs du vieux monde, Car on tend à sabrer les chagrins de naguère Où la vie fut bannie telle moire inféconde Pour ne plus retrouver que le froid de la pierre.
Celui qui se recueille au-delà de l’espace Attentif mais prudent, contemplant l’horizon, Sait pourtant, que tout près, reste encor cette trace Où la haine a meurtrie tant d’ultimes saisons.
Reste-t-il quelque par un espoir, une attente Qui feraient calancher les ombreux lendemains Cicatrisant, enfin, la blessure béante En tapissant d’amour les écueils des chemins ?
Les humains sont si bas que souvent se fourvoient Dans l’écheveau larvé de leurs folies impures Et l’on voudrait qu’alors, sous leurs glacées armures, Batte un cœur généreux qui nullement ne ploie.
Est-ce trop demander la mesure et la paix Quand la fuite du temps empressée fait ripaille ? Nous faudra-t-il mendier, ou avoir le toupet D’imposer nos édits en matant la racaille ?!
Ne laissons plus flâner l’odeur pestilentielle Qui jadis imprégna d’abomination veule L’âme de ces démons férocement cruelle Aliénant tant d’ardeur sous le dais du linceul !
Laissez-nous respirer ce fumet de jouvence Qui nous délie le cœur et affermit nos souffles ! Dans le creux de nos mains coule encore, en silence, Ce filet qui nous lie et jamais ne s’essouffle.
Laissez-nous faire encor quelques rêves célestes Avant que de plonger en suprême agonie, Nous émouvoir aussi avant la nuit funeste Où nos corps éperdus se seront assoupis.