Logis aux contrevents refermés pour toujours, Aux murs peints à la chaux… mais criblés de mitrailles, Vos ruines à regret suscitent à rebours Tous ceux qui ont vécu ici… jusqu’à la faille.
Hier, encor peuplés de vies et de couleurs, De tous ces « autrefois » où bourdonnaient vos âmes, Je recueille en ces lieux nourris par le bonheur L’essence des saisons où la grâce se pâme
A l’euphorie goûtée aux joies d’une naissance Au sein de vos foyers où la tendresse fut ; Vos rires qui fusaient alors en abondance Faisaient naître en vos cœurs un sentiment cossu.
Maintenant, je perçois une abyssale peine Venue ankyloser vos toits las et prostrés, Vidés de leurs éthers, étincelles humaines, Qui donnaient à ces nids un pan d’éternité.
Hélas, abandonnés désormais au silence, Je pense à vos destins par l’ennemi toués, Damnés, écartelés avec outrecuidance, Qui ne reviendront plus sur cette terre aimée.
Nous nous rappellerons tous autant que nous sommes Ce jour d’octobre fou où des démons cornus Ont envahi ces lieux pour arracher aux hommes L’étincelle de vie qu’ils y avaient reçue.
Désormais, à jamais, toujours dans nos prières, Tout en louant leur foi, nous sommerons les dieux De les accompagner vers l’ultime chaumière Qui les accueillera au paradis des cieux.
Que le chemin soit doux à leur dernier voyage Et que le sable blond leur soit hospitalier Autant qu’en l’oasis à l’orée du rivage D’où l’on ne revient pas mais ne peut oublier.
Alors c’est avec eux, au moment du passage De l’esclavage inique à la liberté nue, Que nous remonterons le chemin de hallage Qui nous mena ici aux dunes dévolues…
…Ce pays est en nous, n’en déplaise aux bourreaux Et personne alentours ne nous délogera, Car tout le sang versé par nos enfants si beaux A giclé sur ses murs, ainsi que leur aura !