Ô que de châteaux forts, d’habitations inertes Parsèment nos terroirs, nos vallons, nos vallées ! Les volets en sont clos, les portes entrouvertes, Ne laissant présager que lieux abandonnés.
De tous vos unissons il ne reste en vos âmes Que d’anciens souvenirs d’un passé où l’antan, Aux beaux jours, révélait aux notes de sa gamme Des secrets dérobés aux violons du vent.
Dans le silence froid, vos ombres qui s’éploient Semblent se statufier lorsque tombe la neige ; Et même si l’été ravive vos arpèges, On n’y entend jamais chanter aucune voix.
Au sein de vos foyers dans ces années alertes, Les rires qui fusaient pleins d’allant et de joie Rebondissaient joyeux pleins de je ne sais quoi, Sur les ivres parois que la vigne a couvertes.
Si encor quelquefois des feuilles y frissonnent, Bousculées par le vent où bourdonne la vie, Pourtant, dans les sous-bois, au deuil qui la bâillonne Se referme à jamais son rêve évanoui.
Ô combien n’ai-je vu de maisons qu’on disloque, Délabrées et pillées par des manants aigris ?! Non, je ne comprends pas pourquoi dans ce pays On les voue à la mort en les laissant en loques !
Catins dévergondées, voici qu’on les condamne A porter sur leurs toits d’occultes voilaisons, Tandis que leurs bailleurs, qui fument des havanes, Se bâfrent et festoient, s’enivrant à foisons !
Je n’éprouve à présent qu’une abyssale peine Et même dans mon cœur s’immisce la colère : Comment peut-on offrir au néant mortifère Tant de joyaux si beaux d’un patrimoine amène ?