Ô rien ne sera plus pareil à ce qui fut ! L’immensité salée ne peut appartenir Qu’à quelques pharisiens venus s’y rafraîchir Et se désaltérer à ses flots bleus diffus.
Ancré aux vaisseaux fous qui jadis ont vogué Traversant l’océan et ses incertitudes, Le vol lourd des corbeaux au-dessus des Bermudes Semble s’auréoler alors d’obscurité.
A l’heure où le soleil aurait pu embraser Les roses et les lys de ses faisceaux peu sages, A l’orée de ce jour pétrifié sous l’orage Se renversa soudain le sang qui fut versé.
Comment continuer à trouver du courage Pour franchir sans flancher les gorges de la nuit ? A vouloir s’échapper de cet endroit maudit On force les verrous des portes de la cage.
Toi l’aigle qui fend l’air de tes ailes géantes, Ne peux-tu emmener, les portant sur ton dos, Tous ces captifs ravis comme des animaux Et les désenchainer de ces prisons démentes ?
Le vent, qui t’appartient, et t’offre ses humeurs N’ouvrira plus la voie de ses mansuétudes, Tant que perdurera là-bas leur servitude Qui les soustrait férocement à qui les pleure !
Non, rien ne sera plus pareil à ce qui fut, Ni hiver, ni printemps, ni été, ni automne, On se perd en rancœur lorsque le canon tonne Et qu’on marche à tâtons, sans boussole et sans but.