Oh dis-moi tous ces mots qui grisaient mon oreille, Ces mots dont la saveur pimentaient mes tabous, Qui empourpraient mes joues quand ta voix, ô merveille, Aiguillonnait mon corps aux désirs les plus fous !
Un jour, je les ai ouïs quand ta prunelle d’or, Jalousement parée de cendre acrimonieuse, Faisait que, dans tes yeux, brillant tel un trésor, J’ai vu se rallumer une lumière envieuse.
Redevenant charmants à l’éveil de la lune, Lorsque l’éloignement hors du bonheur m’égare Quand pèse sur mon cœur la douleur du départ Ils se font caressants jouant à saute-dune.
Si je verse une larme ils redeviennent sages, Se jouant de mes pleurs, quémandent mon pardon, Mais au prochain parjure ultime trahison, Riront-ils à nouveau pour me porter ombrage ?
Dois-je te signifier qu’à chaque violence Dans les mots prononcés si prompts à offenser, Que tu conjugueras à l’imparfait d’aimer, Mon cœur accostera aux rives de l’absence.
Tu pourras, à loisir, me maudire et m’attendre, Mais, malgré tes appels, je ne reviendrai pas ; Tes mots s’enliseront, jetés comme la cendre Qui émaillait tes pics, dans l’antre du trépas.