Si les nuits sont miroirs de nos silences blêmes Où nos échos divaguent au secret des âges, Le torrent facétieux qui court dans les alpages Ne connaît pas l’entrave, ni les chaînes même.
Sur la rive agitée, courant d’adret en dune, Sautant les parapets, volant à tire d’ailes, Il chante nos envies de fibres fraternelles, Emportant avec lui le cendré de la lune.
Puis, le soleil s’émeut noyé dedans la brume, Constellant de joyaux le foyer léthargique, Réchauffant le moineau, il cajole ses plumes Alors que l’astre blond disparaît, impudique.
Je me laisse charmer par le chant de l’oiseau Son accent argentin bannit l’ombre aguicheuse Les iris en boutons à la face rieuse Tressaillent frissonnant au vent en allegro.
Et la brise murmure au chevet de l’enfant Une tendre complainte aux accents de l’amour, Uranie, belle nymphe au regard de velours Galvanise l’aria de l’esprit du printemps.
Il y a des moments où le temps ralentit Et les cieux s’extasient des attraits immortels Où le cœur, interdit, chante une ritournelle En se laissant bercer par les chants de la vie.