Amis, il se fait tard, le Ciel est triste et blême, Au ponant tourmenté, les Oiseaux se sont tus, Au loin, dans un clocher par les Vents pourfendu, Un carillon blessé gémit un requiem.
Le jour à l'agonie se fait confidentiel, Là, sur un toit désert, la Lune va s’asseoir Et le velours des joncs s’irise, dans le noir, De larmes de rosée en fines étincelles.
Sur les épis de blés, descend le Crépuscule Dan un foulard de soie où s'étiole le Soir, Et le Silence gris écrit son désespoir Dans mon cœur désolé en lettres majuscules !
Amis, il n'est plus temps, mon âme est bien amère! Le Soleil moribond s'immole à l'horizon Eclaboussant mon front du sang des trahisons, Immolant mes amours dans le froid de la Mer.
Amis, il est trop tard, j’entends le glas qui sonne ! J’ai soutenu l’assaut de tant de grains contraires, Que tout en clopinant sur lespas de l'Hiver, Je me suis égarée dans les Brumes d'Automne.
J'ai bu jusqu'à la lie le venin qui me tue, Ma vie s'en va enfin et, si mes yeux se ferment, Amis, ne pleurez point ! Trinquez à mon salut ! Mais, ne retenez pas les portes qui se ferment !