Depuis que j’ai posé mes pas sur cette terre, Elle est dans cet écrin humide et dentelé Où elle se délie de cent mille manières, Lorsque ma bouche dit ou se met à chanter.
D’abord, j’ai commencé par y sucer mon pouce, Des babils sont venus étoffer ses discours Puis tous les mots, domptés par ma voix la plus douce, Se sont mis à danser… Un peu plus chaque jour.
En premier, elle apprit les paroles étranges Dans les tendres propos que me disait ma mère, Puis, on m’a inculqué en guise de rechange, Comme un présent précieux, le parler de Molière.
Elle a parlé -anglais- pour déchiffrer Shakespeare Et puis s’est entraînée aux discours -javanais- -L’allemand- l’a déçue et c’est sans déplaisir Qu'elle a repris, très tôt, celle que je connais.
Elle goûte, à présent, ce nectar savoureux Qui se répand, parfois, ravissant ses papilles, D’épîtres en sonnets en hymnes fabuleux Où en poisson dans l’eau, comblée, elle frétille !