Ces mots que j’ai cousus sur les ailes du vent, Je les ai dérobés aux refrains des fontaines, Aux roses de Corfou, aux galets des torrents... ...Puis, je les ai tissés au fil noir de mes peines.
Ces rimes griffonnées à l’encre indélébile -Qui sont venues goutter gémissant des adieux De la coupe remplie des larmes de mes cils- Débordent de l’azur quand je ferme les yeux.
Depuis l’instant fugace où, en prenant la pose, Ils viennent affleurer sur le papier froissé, Jusqu’à la volupté d’une main qui se pose Sur le galbe d’un sein baptisé de baisers,
Les verbes se marient pour n’en plus faire qu’un -Au présent, au passé, tout comme à l’imparfait- Et, comme des amants au creux d’un palanquin, Engendrent des serments où ma muse renait.
Dans le sable des mots, comme celui des grèves, Apprivoisant le vent qui danse sur les flots, Ma page se remplit de l’écume des rêves Et se met à chanter quand le poème éclot.
Et le buvard qui boit les vers que je compose S’enivre, peu à peu, de larmes outremer... ...Dans un éclat de rire en miroir de ma prose, Les verbes y tournoient et valsent à l’envers.
Glissant sur le papier drapé de villanelles, En se donnant la main, ils dansent enlacés En rondes ingénues, poussant la ritournelle Jusqu’au petit matin... défiant l’éternité.