Comme une douce main
Comme une douce main, tout en délicatesse,
Se pose avec amour sur le front d’un enfant,
La page, sous mes doigts, se prête à la caresse
Quand ma muse s’amuse et sème à tous les vents.
Quand je glane des mots dans le terreau de l’âme,
Que le silence vêt parfois de nostalgie,
Dans mon cœur-encrier, ma plume se fait larme
Dont l’encre, tristement, sertit ma poésie.
Je les connais si bien ces mots que je conjugue
Au présent, au passé, tout comme à l’imparfait,
Si même, quelquefois, ils m’échappent et fuguent,
J’ose rêver encor que je les trouverai.
J’entends pulser leur cœur tout comme un vieux tambour,
Pressant, obstinément, ma plume buissonnière,
Quant la muse l’étreint, redevient troubadour
Semant des mots d’amour dans l’onde printanière.
Si je ne trouve pas les rimes qui conviennent
Ni comment les vêtir de rêve ou de magie,
Tous les vers que j’écris, autant qu’il m’en souvienne,
Viennent apprivoiser ainsi mes insomnies.
Rêveusement, pétris à l’encre des étoiles,
J’écris de mots d’amour ravis au firmament,
Ma plume tangue un peu, comme un bateau à voiles
Que la mer a jeté dans les harpes du vent.
Et c’est ainsi, pourtant, qu’au petit matin blême,
Sur mon nuage-lit, l’aurore me surprend :
Je me suis endormie sur le dernier « po-aime »
Que ma plume a volé à l’encrier du temps.
