Vous qui m’avez conçue dans un moment de grâce, Vous qui m’avez fondée imparfaite, insoumise, Sachez que dans mon âme est murée la disgrâce, Mensonges, vérités ont pétri sa devise.
Le sort en fut jeté et, seule en mon destin, Sans éclat, sans écho, perdue parmi les hommes Qui marchaient sans me voir, aveugles, sourds, hautains, J’ai cherché le salut, mais n’est trouvé personne.
Suis-je née pour expier, suis-je née pour souffrir, Affrontant le mépris, l’aversion ou la haine ? Pourquoi m’avez-vous faite en ce monde du pire Où la moindre méprise est punie par les chaînes ?
Que la nuit s’ouvre enfin pour recevoir mon âme ! Que crève sous mes pas le ténébreux abîme Où je pourrai cacher mes larmes et mes drames Et me synthétiser dans sa froideur intime.
L’oubli recouvrira mes jours d’incertitude Où chavirai l’espoir sur un radeau qui danse, Et mon âme éprouvée, comme par habitude, Goûtera libérée l’amère délivrance.