Faut-il que, lentement, mes souvenirs s’enlisent Dans l’ombre délétère et le flou du néant, Comme le sable blanc que l’écume tamise Laissant couler l’oubli, comme coule le sang ?
Faut-il que, lentement, s’effacent les images, Les larmes, les secrets, tout comme les serments Et que l’écho muet emporte, en son sillage, Les rires de jadis, les voix que j’aimais tant ?
Faut-il que, lentement, s’épuise ma mémoire, Comme la neige fond sous le Disque Divin Et que les maux d’hier courtisés par l’espoir, Cèdent au temps déchu, abolissant demain ?
Faut-il que, lentement, ma vérité vacille, Comme un rêve déçu emporté par le vent ? Faut-il que, lentement, ma branche se fendille Sous tous les coups reçus de la hache du temps ?