J’ai fermé mes volets sur la lumière grise, Le soleil s’est éteint me cachant ses rayons, Et, dans le firmament, les étoiles reprisent Tous les fils déchirés de mon âme en haillons.
Et la brume assombrit ma savane sauvage -S’en efface la craie sur l’ardoise du soir- Plus aucun félidé ne s’abreuve au rivage, Sur la Carte du Tendre, s’étiole l’espoir.
L’écho triste et amer d’une corne de brume Retentit sur la mer comme un glas suranné Et j’entends, au lointain, comme un hymne posthume Car nos corps éperdus se sont désenlacés.
Tant de pleurs ont coulé sur l’immense étendue -De la source si claire à la rivière pure- Tant de larmes de sang ont abreuvé les nues, Que la pluie est venue et me cache l’azur.
Comme il est loin l’été où je fus souveraine Sur la dune dorée qu’ébouriffait le vent, Et lorsque l’alizé me murmurait « je t’aime » Si sensuellement, en écho à l’amant.
Mais, la vague a bondi, furieuse et jalouse, Se jetant dans l’ivraie d’une valse à l’envers Sous la robe de feu d’une fière andalouse Dont la dentelle vole l’écume des mers.