J’ai mélangé le vin à l’encre de ma plume Et me suis enivrée dans le creuset des mots, Mais la coupe remplie de mes larmes posthumes Déborde de l’azur de fado en fado.
Et je laisse mon cœur voguer au clair de lune Quand la rosée embue le manteau de ma nuit, Pastellant de rubis le sable blond des dunes Que le zéphyr moqueur croque comme des fruits.
Quand le passé brûlant traverse ma mémoire, Posant ses doigts de feu dans un coin de ma tête, Je ferme les volets et couvre les miroirs Jusqu’au petit matin, rêvant à l’aveuglette.
Puis, un parfum subtil au matin me réveille : Les embruns de la mer –varech ou goémon- ? Ou le chuchotement du vent ou de l'abeille ? ...Non, ce n’est que Phébus assaillant ma maison.
Alors, je redeviens poète ou troubadour Et je chante l’amour, le muguet ou la rose, Et la plume à mes doigts se change, tour à tour, En caillou, en oiseau, en mille et une choses.
Si l’hirondelle bleue ne fait pas le printemps, Si le verbe est d’argent et le silence est d’or, Au terreau de mon cœur, je glane le ferment Où le bourgeon renaît et les mots prennent corps,
Et mon crayon de bois s’élance en virtuose -Glissant sur le papier jusqu’au salto sublime Comme le papillon qui se métamorphose- Et danse sur la page allant de rime en rime.