J’ai retrouvé, là-haut, un fumet d’innocence : Sur un plumier miteux, des livres d’écolier, Dans un coffre éventré, une poupée fripée, Une cape, un chapeau… un bouddha en faïence.
Un tutu défraîchi et des chaussons de danse Avaient l’air d’implorer un tambourin râpé ; Sur le cheval de bois, qui s’est tant balancé, Un vieil ours élimé rêvassait en silence :
Avant de m’endormir, au doux temps de l’enfance, Je serrai dans mes bras cet ami dévoué Et s’il savait parler, il vous dirait je pense Les bonheurs, les tourments de mes chagrins passés.
Un violon délaissé et tout désaccordé, Qui jadis fit vibrer mon âme solitaire, Dans un recoin obscur reposait désolé Sous le regard défait d’un Pierrot en poussière.
Un vieil harmonica dans un porte-monnaie, Un phonographe ancien aux vinyles rétros, Dans une boîte en fer, un vieux plan de métro Et sur un tabouret, les Amants de Peynet.
Si l’escalier est fait d’un vieux plancher qui craque, La fenêtre est dotée de vitres bien fermées ; Et même si la pluie les gifle de ses claques, C’est le jardin secret où jadis j’ai rêvé.
Dans ce grenier rempli de mil et cent manières D’objets inanimés que je n’oublierai pas, Ce soir, j’ai retrouvé, le cœur en bandoulière, Un peu de cette enfance où vont mes premiers pas.