J’ai traversé la Vie comme on franchit un gué : De l’Ubac des Hiers à l’Adret des Demains. Sur les pavés glissants souvent je suis tombée En écorchant mon âme aux ronciers du Destin.
Sur mes chemins poussaient la mousse et la fougère ; Si la Mélancolie y berça tant d’étés, Je sais pourtant que dort aujourd’hui, sous leurs pierres, La source où perle encore un semblant de gaité.
Partout où j’ai marché, j’ai laissé mon empreinte ; Entre les lignes bleues des cahiers d’autrefois, En Pierrot endormi sous des Lunes défuntes, J’ai rêvé de partir gagnant, à chaque fois,
L’Océan, bergerie de la Sterne rieuse Où j’aurais pu enfin, en toute intimité, Réchauffer mes vieux os aux Vagues chaleureuses Quand le Vent souffle au Sud et se met à chanter…
…Alors, pour m’échapper, je me suis fait poète Malgré des mots puisés aux fontaines des maux, Et ferai que tes ans soient quand même une fête Quand, sans me retourner, je m’en irai là-haut.