C’est un frère féal ! Sans griefs, ni reproches, Sans jamais me blâmer, il trottine à mes pieds, Ne me dit pas, non plus, qu’à ses yeux, je suis moche Et sans aucun dessein, m’offre son amitié.
Je l’ai trouvé, un jour, attaché à un chêne -Des fous indélicats l’avaient abandonné- Je l’ai pris sous mon aile en libérant sa chaîne Et, mutuellement, on s’est apprivoisés.
Depuis ce jour de Juin où, fort d’une caresse, Par la porte du cœur, il entra dans ma vie, Il est de ces amis dont rêvent les maîtresses Et rien ne peut briser l'amour qui nous unit.
Il est vrai que je tiens les clés de sa pitance… …Pourtant, j’ose espérer que c’est avec emphase Qu’il vient me rapporter la balle que je lance Ou me lécher la main, tout en jappant d’extase…
Mais, quand viendra le temps de mon ultime escale -A moins que ce soit lui qui parte en éclaireur- Quand sonnera le glas -minuit, la fin du bal- On se promènera ensemble, mais ailleurs.
Il me protègera, alors, sans aucun doute -Comme il l’a toujours fait quand nous vivions sur Terre- Et son rire canin mènera en déroute Tous les démons peuplant les chemins de l’Enfer !