J’ai usé mon cerveau sur les bancs de l’école, D’où, pourtant, je le sais, je n’ai rien retenu, Juste la mélodie d’un refrain sans paroles… …Mon enfance est si loin et l’automne est venu.
J’ai usé mes sabots sur des sentiers de terre Où le vent m’a poussée jusqu’au bout de la nuit, Mais, je n’ai pas trouvé de chemins sans frontières Et les barbelés m’ont déchirée, sans merci !
J’ai usé mon regard à contempler le Monde Et, pourtant, qu’ai-je fait ? Et, pourtant, qu’ai-je vu ? La misère et la faim, la cruauté immonde : La guerre et la souffrance d’enfants que l’on tue !
Puis, j’ai usé mon cœur sur la Carte du Tendre -Si l’amour m’est venu sous les traits d’un amant Dans ce lit de désir où j’ai voulu m’étendre- Son feu s’est consumé inexorablement.
Combien de temps encore userai-je mon âme A chercher le bonheur où l’on ne l’attend pas ? Dans les yeux d’un enfant plein d’effroi et de larmes ? Une main qui se tend et que l’on ne prend pas ?
Combien de temps encore userai-je mes forces ? Si le verbe est d’argent et le silence est d’or, Combien de temps encore userai-je l’écorce, Avant que mon bateau ne rejoigne son port ?
Si j’ai tendu les mains pour saisir les étoiles, Seul le sel des embruns a buriné ma peau ; Quand je démâterai en déchirant ma voile, Je les retrouverai, enfin, au fil de l’eau.