J’ai vu des sables d’or dans les yeux du soleil Et entendu des rires au sein du silence Dont l’écho me disait des secrets à l’oreille Quand le vent murmurait les airs de mon enfance.
J’ai vu des vagues bleues repeindre l’horizon Et le peigne du vent décoiffer les comètes, Et tourner à l’envers la ronde des saisons : L’automne et le printemps guincher dans les guinguettes.
J’ai vu des montons verts aux jardins d’Hespéride Et dans les champs de blé, mille licornes noires, Des fils de laine gris laissaient comme des rides Sur le sable froissé où descendait le soir.
J’ai vu des cerf-volants comme des arc-en-ciel, De petits vers luisants éclairer les moulins Et surfer la fourmi sur un rayon de miel, Le hanneton danser au son d’un tambourin.
J’ai vu des papillons sur des tapis volants Et, dans un coin de ciel où brillait le soleil, Un ténor qui chantait dans les harpes du vent, Au violon des cieux qui baillait de sommeil.
Au temps des troubadours, les semelles du temps, Sur les pavés mouillés, battaient la farandole Et le vin qui coulait jusqu’au lit du levant Enivrait, peu à peu, les fleurs de tournesol.