Si j’ai cueilli des fleurs aux neiges éternelles Et gravi des sommets à toucher les étoiles, Tout comme un roitelet dans un bruissement d’ailes, J’aurais pu m’envoler ou, hissant la grand’voile,
De la terre à la mer, jouer à la marelle, Danser avec les fées, les nains, les feux follets, Dessous la lune bleue ensorcelante et belle Sur les cailloux laissés par le Petit Poucet.
J’ai vu des feux de joie enflammer la Grand’Ourse Et des torrents de lave inonder l’océan Où le volcan du jour va terminer sa course Lorsque le crépuscule enlarme le couchant.
-J’ai vu aussi des fous sur des océans noirs Qui jouaient aux soldats aux damiers de l’enfer, Et de pauvres souris dans les laboratoires, Des chiens abandonnés aux pieds des réverbères-
…Puis, j’ai vu l’araignée qui détissait sa toile, Tandis que s’envolaient les goélands frileux, Et le marchand de sable allumer les étoiles Pour que tous les enfants puissent rêver un peu…
…Mais au large du jour, une cloche importune Sonna le glas du soir, m’arrachant à ma trêve : Voyez mon désespoir ! Voyez mon infortune ! …Je ne saurai jamais si ce n’était qu’un rêve !