Aveugle, j’ai cherché d’une main tâtonnante, La voie où je pourrai enfin poser mes pas, Où j’abandonnerai mes angoisses mouvantes Allégeant, sans retour, mon destin scélérat.
En ce monde insensé, j’ai cru à mon étoile, Dans les cieux, tout là-haut, elle brillait pour moi, Mais le vent a défait l’ourlet bleu de mes voiles, Et mon radeau brisé m’a jetée au norois.
J’ai pris mon baluchon, mon cœur en bandoulière, Repris la clé des champs comme un vieux pèlerin, Si j’ai apprivoisé les torrents, les rivières, Je ne sais pas comment finira mon chemin.
Au secret de la nuit, où je poursuis mes rêves, La lune, me veillant, apaise mon émoi ; A l’aube, à l’apogée de la divine trêve, Si vous me bannissez, je porterai ma croix.