Je suis née quelque part entre deux confidences Dans un monde fielleux, menaçant et hostile ; La froidure exhalait une haleine si dense, Que mon tout premier chant fut gauche et malhabile.
Tel un chardon ardent éclot parmi les roses, Vilain petit canard me suis épanouie En un cygne éclatant et, maintenant si j’ose, C’est que j’ai refusé… et ai désobéi.
Alors, je suis partie affrontant les tempêtes, Ma boussole a pointé tous les points cardinaux, Elle a virevolté telle une girouette, Et ma barque a vogué ondoyant sur les eaux.
J’ai accosté parfois sur des iles lointaines, D’où j’ai pu admirer le spectacle des cieux : Canari ou Ouessant, Tahiti ou Molène… …Mais, je suis repartie ailleurs poser mes yeux.
Paradoxalement, j’ai bâti des bicoques, Avec la tentation de m’édifier un nid Où je pourrais enfin, sans fard, ni équivoque, Poser mes oripeaux… dormir dans un vrai lit…
Les soleils et les vents ont hâlé mon visage, Si la lèpre du temps a rongé mes attraits, J’ai pu m’émerveiller de tant de paysages, Alors que les embruns estampillaient mes traits.
Je suis de nulle part… Entre les vieilles pierres, Si j’ai vagabondé où m’ont portée mes pas Et passé maintes nuits à contempler la terre, Pourtant n’ai jamais su d’où était mon karma…
Je le sais, à présent, qu’aucune sépulture N’accueillera mon corps, ni ma chair, ni mon âme… …Je me dissiperai laissant ma signature Au bas de ce poème empli de vague à l’âme.
