Je suis entrée en vie comme on part en voyage, Parsemant de cailloux mon chemin de papier, Sur les lèvres du vent, j’ai posé mes bagages Mais, je regrette tant le port que j’ai quitté !
Si j’ai chanté, jadis, les feuilles de l’automne, Me revient, aujourd’hui, un refrain de là-bas : « Les lauriers sont coupés » « en rondes monotones » Mais, quand je serai loin, qui donc s’en souviendra ?
J’ai cru en l’amitié -en l’amour éternel- Mais, la pluie est venue comme le vent du Nord, Son cœur s’en est allé suivant les hirondelles, Comme un marin rejoint sa mie dans chaque port.
J’ai fermé les volets et l’huis de ma maison, J’en ai jeté la clé -peu m’importe où je vais- J’ai refermé, aussi, la boîte au diapason, Je n’en ai plus besoin : mon piano est muet.
Je ne reviendrai pas cheminer sur la grève, Ni les sentiers de terre où je me suis perdue, Ma vie s’en est allée comme le font les rêves, Il ne me reste rien de tout ce que j’ai vu !
Je suis entrée en vie comme on part en voyage, Parsemant de cailloux mon chemin de papier, Sur les lèvres du vent, j’ai posé mes bagages... ...Mais, l’hiver est venu immolant mes étés.