La gomme de la Mort censure toute chose Et la braise s’éteint dans l’âtre tourmenté ; Pourtant, je veux rêver -pardonnez-moi si j’ose- Qu’encore un peu de temps me sera accordé…
…Mais, quand je m’en irai, je ne veux pas de bière, Ni n’un cercueil de bois qu’on scelle et que l’on cloue, Ne me condamnez pas à pourrir sous la pierre, Moi, j’ai besoin du vent pour m’en aller debout !
Quand je vous quitterai, je ne veux pas de tombe, Ne m’abandonnez pas aux ombres meurtrières Où mon cœur, fatigué, avant qu’il ne succombe, Ne pourra plus aimer, étouffé de prières.
Quand le miroir du jour au firmament se fige, Dispersez mes vieux os ! Que l’autan les évente ! Et s’il n’en reste rien que surannés vestiges, Sachez pourtant, qu’en vous, je resterai vivante !
Ivre de chants d’oiseaux que la brise transporte, Mon âme, fascinée par d’émouvants matins, Ira se recueillir au seuil de votre porte Lorsque le gai soleil l’éveille de sa main ;
Et la nuit, contemplant de vos yeux les comètes Qui fardent leurs atours dans le boudoir des cieux, Vous verrez que mon cœur étreint vos silhouettes Avant de s’envoler pour un suprême adieu.