La lune est, cette nuit, tel un quartier d’orange Et le monde assoupi ne sait pas que demain Tu la décrocheras pour l’offrir à un ange Et la déposeras dans le creux de ses mains ;
Et tout en dégrafant lentement sa guêpière, Dans ce monde insolent où tout est déraison, Dans le jardin des cieux moissonnant la lumière, Dans l’ombre déchirée, avec un soin profond,
Tu le dévêtiras d’un geste religieux, Tout en déshabillant sa robe de satin Et le doux rossignol, de son chant mélodieux, Lui dira que l’amour est au bout du chemin.
Alors, sans dire un mot, unique et singulière, Et tout en regrettant ses rêves familiers, Sous le regard moqueur de l’aube coutumière, La lune s’en ira sur la pointe des pieds.