Chaque jour, il revient fiancé du levant, De ses doigts amoureux, il caresse le monde, Mais, le soir, ses rayons, embrasant le couchant, Plonge ses ongles d’or en des gorges profondes.
Dans le noir océan, il enfonce ses guêtres Et son âme altérée lentement s’y dissout ; L’horizon s’obscurcit, des étoiles vont naître, Un silence frileux insinue ses dessous.
Si l’ombre s’embellit d’un sourire lunaire, Il ne reste plus rien, sous la voûte nocturne, Que l’ourlet noir du ciel qu’habille le suaire De la nuit étoilée, sous son œil taciturne.
Et la pipe aux lèvres, l’antique paysan S’assoupit, apaisé par la chaleur de l’âtre, Tandis que s’épaissit un silence pesant Que berce, lancinent, l’harmonica d’un pâtre.