La nuit met du vernis
La Nuit met du vernis aux doigts du Crépuscule
Et, dans ses cheveux roux, un diadème d’or ;
C’est ainsi, qu’escorté d’étoiles minuscules,
La Lune à ses côtés, ce soir, il est Milord !
Depuis leur paradis, Saint-Pierre et les Apôtres
-Qui veillent sur les cieux alors jalousement-
Contemplent l’Univers jusque sous les épeautres,
Jouissant du tableau, assis au premier rang.
Et toute barbouillée [l’ambroisie coule à flots
S’égouttant, peu à peu, fardant la pluie de rouille],
Au firmament vermeil, la Brume noie l’Echo
Dans le tonneau divin, y laissant sa dépouille.
Puis, l’Ombre se déploie, étend sa houppelande,
« Il est temps de filer » murmure le Zéphyr,
« Il fera jour demain pour trouver la brigande
Et mesurer, ainsi, l’instant de l’éconduire ! »
Quand l’Aube maquillée empourpre les vendanges,
Dégrisant au matin l’ivresse de la Nuit,
Le Rossignol, gaiement, le Merle et la Mésange
Entonnent des couplets dont l’Echo se nourrit.
Et la Brume, à son tour, lavée de tout ombrage,
Etreint dans son foulard les cailloux du chemin,
Puis court se ressourcer dans l’eau des marécages
Que le Soleil de Mai caresse de ses mains.